Alyssa Daoud : se faire du bien pour se faire du bien !

ÉVIDEMMENT, DES FILLES QUI SE LANCENT DANS LA CRÉATION D’UN INSTITUT DE BEAUTÉ, ON NE PEUT PAS FAIRE PLUS « CLICHÉ D’INITIATIVE DE FILLES ». QUAND EN PLUS, LA STRUCTURE S’APPELLE PRINC’ESS, ON SE DIT QU’ON VA ATTEINDRE LES SOMMETS DU PROJET« GIRLY ». MAIS DANS CE NOM TOUT EST DANS L’APOSTROPHE ET DANS L’ESS. ACCROCHEZ-VOUS, ÇA DÉCOIFFE ! ENFIN…JE VEUX DIRE…BREF, LISEZ LA SUITE.

Tout commence dans un quartier populaire de Bordeaux, disons entre la gare Saint-Jean et Saint-Michel. Une association dont le local donne sur la rue organise pour les femmes du coin des petites séances coiffure, maquillage, etc. Et ce petit local devient, notamment pour des mamans, la petite pause « bien-être, respiration » entre la dépose des enfants à l’école et le retour au foyer.

Entre filles, pas de guerre d’égo !

Dans le même temps, une jeune bordelaise, engagée, décide d’appeler un petit groupe de connaissances, uniquement des filles. Alyssa Daoud, facilitatrice de transition écologique et sociétale, a reçu cet appel. « Elle nous a proposé de monter un projet qu’entre filles. Ce projet porterait toutes nos valeurs communes ». C’est ainsi que Princ’Ess est née. Évidemment, le projet sera dans l’Économie Sociale et Solidaire, l’Ess donc. Les 10 femmes qui le portent sont toutes issues de ce monde-là.

Les Princ’Ess mettent leur savoir-faire en commun pour développer une idée :benchmarker les solutions, convaincre des partenaires, trouver des financements, des lieux, des soutiens… « C’était vraiment particulier ce projet entre filles. C’était hyper agréable, pas d’égo surdimensionné, tout le monde y croyait », raconte Alyssa Daoud. Le projet, c’est donc l’Autre Institut. Les Princ’Ess ont voulu créer leur entreprise idéale. C’est tout d’abord un institut de beauté tout à fait normal. On y prodigue des soins du visage, des mains, des pieds, du maquillage, on peut se faire un hammam. Sauf que, il y a ce petit… pardon, ce grand supplément d’âme des conceptrices. Tout d’abord, l’ensemble des produits utilisés sont bio, 100% naturels et pour certains vegan. Même les lingettes sont bio et lessivables. Mais ce n’est pas tout…

Tu entres ici, tu vaux quelque chose

La démarche de l’association du quartier populaire : une pause bien-être à celles qui ne pouvait pas se l’offrir ? Eh bien cette idée a germé. Aujourd’hui, l’Autre Institut propose des soins à des tarifs « habituels » aux personnes qui peuvent payer. Dans ce tarif, il y a une part qui est « offerte » à des publics qui n’ont pas les moyens d’accéder à ces soins. En partenariat et avec le soutien d’organismes sociaux, des femmes bénéficient donc gratuitement d’un moment « pour elles ».

Les premiers retours depuis l’ouverture de l’institut en novembre 2018 sont très encourageants. Une bénéficiaire, salariée en insertion témoigne : « J’étais un peu stressée à l’idée de recevoir un soin. J’ai été accueillie avec le sourire et j’ai trouvé le lieu chaleureux, la décoration est apaisante et j’apprécie qu’il soit placé dans un quartier comme celui-ci. Les soins hammam et massage m’ont apporté une détente musculaire et émotionnelle pendant le soin je respirais mieux et cela a apaisé mon mental. Je ne fréquente pas d’institut en temps normal car les tarifs sont trop excessifs et je n’y suis pas à l’aise. »

Le lieu a aussi été choisi avec soin. Il s’agit du quartier Saint-Louis, au 11 cours Louis Fargue. On trouve dans ce secteur des résidences sociales mais aussi des nouveaux arrivants des Bassins à Flots et un hypermarché qui draine du monde. Il est en plus partagé avec une association qui œuvre dans l’accueil périscolaire ce qui, à terme, pourrait permettre d’organiser des animations pour les enfants pendant que les parents sont aux soins.

Enfin le personnel est lui aussi en accord avec les valeurs des administratrices de l’association. Les publics bénéficiaires des aides sont reçus par des socio-esthéticiennes et les futurs collaborateurs/trices viendront en insertion. Tout est fait pour que l’ensemble des parties prenantes se sentent « inclues » dans le projet.

Sauf pour une partie de la population non Alyssa ? « Vous voulez parler des hommes ? Mais ils sont les bienvenus à l’Autre Institut : barbier, soins du visage, épilations…On ne va pas revendiquer l’inclusion en commençant par exclure non ? »

Les princesses du quartier Saint-Louis sont des reines !

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