Julia Mouzon : « Ne jamais rien laisser passer ! »

La vie publique en général, le monde politique en particulier est dur, fait de rapports de force ; un milieu où évoluent de « grands fauves ». Et c’est donc encore plus difficile pour les femmes. Avec les différentes lois sur la parité promulguées depuis l’an 2000, le principe d’accès égal aux responsabilités est maintenant imposé par le législateur. Mais malheureusement, le diable est souvent dans les détails et le principe de la parité encore loin d’être intégré dans les instances politiques, sociales et administratives et dans les têtes de ces messieurs.

Alors, des femmes, élues ou à des postes à responsabilité, ont décidé de s’imposer au cœur du pouvoir. Leur technique : faire du réseau et se former. C’est toujours la même histoire. Au départ, une femme, première de cordée comme dirait le Président de la République, adopte les codes des hommes pour réussir dans les hautes sphères du pouvoir. Classes Prépas prestigieuses, Polytechnique, un parcours qui va la conduire au Ministère des Finances. Julia Mouzon, aujourd’hui trentenaire a quitté Paris pour Bordeaux (pour la qualité de vie), elle n’est plus dans la haute fonction publique.

Elle a décidé de créer une start-up pour porter ses convictions. Dès le nom de sa SAS (Société par actions simplifiée) vous comprenez l’objet de l’entreprise : « Femmes et pouvoir ». En effet, la jeune entrepreneure féministe veut que les femmes prennent leur place, l’imposent même, au cœur de ces cercles masculins parfois misogynes et machistes.

Se former pour avoir plus d’impact !

Elle lance donc la plateforme Elueslocales.fr qui permet aux maires, conseillères régionales, départementales, communautaires ou municipales de se former. Avec comme sujets : piloter efficacement sa délégation, renforcez votre impact politique mais aussi connaître les codes des hommes de pouvoir et se les approprier…

L’autre grande thématique de Femmes et pouvoir, c’est d’inciter à la prise de fonctions importantes. Le diable se cache donc dans les détails. Il est aisé de remarquer par exemple que la délégation aux finances dans un conseil municipal est proposée à un homme, quand le social est fléché vers une femme. Posture offensive aussi pour les prises de parole et sur le fait qu’il ne faut « jamais rien laisser passer » de sexiste. On refuse et on dénonce la petite remarque « pour rigoler » sur la tenue d’une conseillère municipale ou la réponse carrément sexiste d’un collègue du conseil général après une intervention. En 2018, 1000 femmes élues ont ainsi été formées.

Vers des girls’ clubs ?

C’est aussi l’occasion de créer du réseau. La force des hommes pour conquérir ou conserver le pouvoir, ce sont les « boys’ clubs ». Des clubs, associations, mouvements réservés aux hommes où se jouent les cooptations et les désignations aux postes importants. Alors, Julia Mouzon veut que les femmes utilisent les mêmes techniques. Elle joue à fond la sororité, organise des dîners débats entre femmes élues, incite au partage d’expérience. Enfin, parce que le but c’est bien d’obtenir une véritable égalité femmes/hommes, Julia Mouzon prépare déjà ce moment. Elle vient de lancer avec son équipe MonMandatlocal.fr, une plateforme pour les élus bienveillants : hommes et femmes acceptés.

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