Les demoiselles de Bordeaux

ELLES PARLENT ENSEMBLE, D’UNE MÊME VOIX AVEC LE MÊME ENTRAIN DE LEUR BELLE AVENTURE. ELLES NE SONT PAS SŒURS, NI JUMELLES MAIS ELLES FORMENT LE DUO QUI A CRÉÉ LE FIFIB (FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM INDÉPENDANT DE BORDEAUX).

Pourtant comme les héroïnes de Demy, elles sont parties à Paris « tenter leur chance » et étudier pour Pauline, la comédie et Johanna, les arts plastiques. Dans le film, on ne sait pas si elles reviennent dans leur ville d’origine.

Pour Pauline et Johanna, c’est là qu’elles ont réalisé leur rêve. Qui au départ n’en était pas un. « C’est en disant que nous aimerions bien qu’il y ait un festival de cinéma à Bordeaux que nos amis nous ont dit : et pourquoi ne pas le faire ? »

Pas « grand-chose à perdre »

Au départ, elles n’ont pas que des atouts pour convaincre : ce sont deux jeunes femmes, qui ne viennent pas du sérail du cinéma. Elles avouent qu’elles n’avaient alors pas « grand-chose à perdre ». Mais elles mettent quand même toutes les chances de leur côté en faisant une sérieuse étude de marché : « nous avons compris qu’il fallait en premier lieu s’adresser aux professionnels. Derrière tous les gros festivals qui fonctionnent, il y a du business ». Les premiers contacts sont un peu décourageants. En effet, ni le CNC, ni les professionnels ne sont enthousiastes, mais Bordeaux a envie de faire de la ville une place importante du cinéma. « On a eu de la chance … ».

Et surtout un grand élan d’amour lors de la cérémonie d’ouverture, dès le premier jour. Les mots de « joie, plaisir, dépassées par ce qui se passe » sont prononcés à l’évocation de cette soirée.

Le président du jury est illustre : Olivier Assayas qui sera approché et convaincu par la baby-sitter de son enfant.

Pourtant, pendant les trois premières éditions, il faut repartir à zéro pour convaincre les partenaires ; mais depuis le FIFIB est installé dans la durée avec une équipe toujours solide et enthousiaste.

Femmes de Festival

« Nous sommes les seules femmes à diriger un festival en France, mais si on a un conseil c’est de ne pas penser qu’être une femme est un handicap. Des personnes se chargent de vous le faire sentir, alors il faut considérer que ce n’est pas important ». Croire en ses projets et si possible trouver le bon binôme celui qui se relève toujours même en cas de coup dur. Cela a été certainement une des raisons du succès. Et bien sûr l’amour du cinéma « qu’il faut célébrer, et la création qu’il faut défendre ».

Cette année encore, au mois d’octobre, la Cour Mably va bruisser de critiques de films et de musiques. Autant de choses qui rendent joyeux et d’enthousiasmes qui débordent au-delà des murs des salles de cinéma. D’ailleurs, dès cet été, vous pourrez Fifiber, mais chut, c’est un projet encore top secret !

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