Les machines culturelles d’Hélène des Ligneris

HÉLÈNE DES LIGNERIS FAIT PARTIE DE CES PERSONNES QUI LAISSENT DES PREMIÈRES IMPRESSIONS MARQUANTES. D’ABORD DU DYNAMISME, À LA FAÇON DONT ELLE LOUVOIE ENTRE LES LIVRES DE LA MACHINE À LIRE. ENSUITE DE L’ATTENTION, À LA FAÇON QU’ELLE A DE S’INTÉRESSER À SES INTERLOCUTEURS. ET ENFIN, BEAUCOUP DE MODESTIE… MÊME DEVANT UN PARCOURS QUI NE MANQUE POURTANT PAS DE SINGULARITÉ.

Avant la librairie indépendante de la place du Parlement, la Bordelaise a longtemps travaillé dans une entreprise de peinture en bâtiment. Le rôle premier de l’entreprise est la réinsertion par le travail, pour « permettre à des gens en grande exclusion de bénéficier d’un sas professionnel ». Lorsqu’elle « hérite contre son gré » (une expression importante pour elle), la question du devenir de cet héritage se pose très vite. « Je ne me voyais pas changer ma vie », explique-t-elle. De fil en aiguille et de rencontres en décisions, elle se retrouve à la tête de la Machine à Lire. D’abord uniquement propriétaire, puis rapidement propriétaire et directrice.

La Machine à Lire, « un lieu en adéquation »

Après les livres de la Machine à Lire, les disques de la Machine à Musique : là aussi, une affaire de circonstances, avec la vente de l’ancienne boutique Harmonia Mundi. Puis la maison de presse de la Petite Machine, rue Le Chapelier. Hélène l’imagine comme une porte ouverte pour le quartier, où on trouve à la fois un petit fonds de livres, la presse bien sûr, mais aussi du café et des chaises. « C’est un lieu de retrouvailles, un lieu de vie dans le quartier, un lieu extraordinaire auquel je tiens énormément », estime Hélène, qui voit « une grande cohérence entre les trois endroits ».

Littérature, musique, culture… mais aussi l’occasion de continuer à suivre des engagements sociétaux. Dans l’insertion par l’emploi. Ou encore en organisant régulièrement des rencontres entre des auteurs et un public en prison. « Le fondement de notre société, c’est la culture : en se cultivant, en lisant on comprend », ajoute la Bordelaise, qui se réjouit de voir que les auteurs répondent volontiers à ces sollicitations. Et la Machine à Lire a changé de visage : plus lumineuse, ouverte sur les découvertes, un endroit où chacun peut trouver de quoi étancher sa soif de lecture. Ce qui n’empêche pas de prendre position aussi sur certains sujets : proposer tout un étal avec des livres sur Simone Veil, par exemple. Un lieu « exigeant, mais pas élitiste ». À la mesure d’Hélène des Ligneris : « c’est un lieu en adéquation avec la femme que je suis ».

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