Madina Querre, une anthropologue dans les vignes

C’EST PRESQUE PAR HASARD QU’ELLE EST DEVENUE ANTHROPOLOGUE ET C’EST PAR NÉCESSITÉ QU’ELLE EST REVENUE À SAINT-EMILION, TERRE DE SON ENFANCE. DU SAHEL, ELLE A RAPPORTÉ L’HUMILITÉ DES ENTREPRISES AMBITIEUSES, DANS LES VIGNES, ELLE A CHOISI DE S’IMPLANTER. POUR ENCORE ET TOUJOURS CHANGER, AMÉLIORER, COMPRENDRE ET CONVAINCRE QU’IL FAUT SE MOBILISER POUR RÉUSSIR.

La première chose que l’on remarque c’est un enthousiasme débordant, envahissant. Et l’on se demande si Madina Querre vit dans le même espace temps que nous devant l’accumulation d’actions et d’envies qu’elle nous énumère. Ensuite, on comprend : « c’est chouette » égrène ses phrases et l’on ne compte pas le nombre de fois où elle parle « d’émerveillement ». Parce que cette femme a connu l’urgence de vie dans certaines zones du globe, elle a choisi de considérer le même état d’alerte pour ses actions. Pour le premier festival « Biotope » par exemple : « Nous avions contacté Nicolas Hulot qui nous a confirmé sa venue au mois d’avril pour le mois de juin ! On s’est dit qu’on allait quand même le faire parce qu’il y avait urgence ».

S’inscrire dans une démarche constructive

Parce que l’affaire des pesticides dans les vignobles faisait la Une des journaux, l’association du Festival BioTope choisit de réunir sur ce thème, tous les acteurs du territoire : le CIVB mais aussi des experts en biodynamie. « Nous savions que la présence de Nicolas Hulot montrait que nous étions dans une démarche constructive, avec de la bienveillance. Tout le monde a joué le jeu et a évité de se regarder en chiens de faïence, parce que le vin est là aussi au centre de tout un ensemble d’enjeux ».

Les 1200 personnes qui ont assisté à cette première édition ont convaincu tous les bénévoles de continuer sur cette voie. « Nous nous sommes rendus compte que tous les outils sont adaptés au milieu urbain : les AMAP par exemple sont très peu développées à 30 minutes de Bordeaux. Même chose pour les producteurs locaux : où sont-ils ? Comment faire pour que nos enfants aient une
cantine responsable quand on ne sait pas où s’approvisionner ? ». Madina et son association ont pris les sujets à bras le corps et avec l’appui de la Fondation Hulot ont réussi en un temps record à développer le label « mon restau responsable » sur l’ensemble des cantines de la communauté de communes.

Et semer les bonnes graines auprès des jeunes

Tout au long de l’année, Madina rencontre des « biotopiens » dans les écoles primaires et les lycées. Elle sème des graines auprès de ces jeunes qui sont notre futur et qui vont être mis en avant lors de la prochaine manifestation au moment du solstice, autour du menhir de Saint Sulpice de Faleyrens. Un moment fait de transmission et de prise de conscience à l’ombre d’un symbole d’un autre temps. Si c’est en devenant maman qu’elle a choisi de ne plus voyager aussi souvent, Madina Querre peut compter sur ses bataillons qui sont aussi bien féminins que masculins, même si elle remarque quand même une présence plus féminine au sein de son conseil d’administration.

Elle a souvent répété à ses troupes de BioTope ce qu’elle disait dans le désert : « n’attendez pas l’argent, trouvons les moyens sur place ». C’est ce qui a permis à Madina Querre de monter ses actions avec une détermination sans faille, une imagination énergique ici et ailleurs. « Je fais où je suis ».

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