Peggy Halna du Fretay, de la féminité et de la force

La vie de Peggy Halna du Fretay peut ressembler à un combat mais c’est toute sa féminité qui apparaît dans ses photos. Sa force aussi qui lui permet d’avancer, de se projeter dans une vie soumise à de nombreux aléas mais aussi à des défis qu’elle décide de se lancer malgré ses handicaps.

Elle n’a pas eu beaucoup de répit : dès sa naissance, un choix s’impose. « Se battre ou mourir, je choisis le premier ». Malgré de nombreux problèmes de santé, Peggy Halna du Fretay pratique le ski hors piste et le patinage artistique à un haut niveau. « Et je ne sais pas comment j’ai pu faire ces choses là ; mais, c’est sans aucun doute cette force d’esprit qui me permet d’être là aujourd’hui. Je ne sais pas fonctionner autrement ». C’est pourtant à travers l’art qu’elle va évoluer, là où la compétition est différente. « Quand j’ai cessé de lutter contre la vie, mais plutôt avec ».

Des autoportraits pour mieux se (re)connaître

En 2012 que Peggy choisit la photo pour s’exprimer. Elle ne pourra plus montrer les grands espaces des voyages de sa jeunesse. Ce sera des autoportraits. « Je n’avais pas d’autre objet que moi-même pour exprimer mes émotions. Il fallait que je fasse quelque chose de ma vie et j’avais trouvé ce que je cherchais. » Elle se focalise sur sa féminité « pour la sauvegarder », mais elle ne se reconnaît pas complètement dans ces clichés. Elle évolue encore vers l’acceptation de sa « vulnérabilité ».

Son travail photographique s’en ressent : elle montre son handicap, il devient « visible ». Et sa féminité qu’elle mettait en scène pour mieux la protéger pouvait alors disparaître ? « Cette obligation d’être – aussi – un objet du désir, lisse et sans imperfection est profondément ancrée en nous et nous sommes les premières à craindre de perdre ce statut. C’est sur ce déséquilibre et ce paradoxe que je tente de braquer mon objectif. »

Mais cette évolution a été différemment appréciée, selon l’artiste. « Il est intéressant de constater que la bienveillance et la tendresse du regard des hommes sont proportionnelles au degré de violence des images et de ce que je montre de ma vulnérabilité, on ne peut pas toujours en dire autant des femmes que cela renvoie à quelque chose d’intolérable. »

N’ayez peur de rien et surtout pas de vous-même, et allez au bout des choses

Peggy Halna du Fretay est optimiste pour les jeunes femmes qu’elle voit évoluer, à commencer par sa fille d’une vingtaine d’années. « La beauté et la singularité de leur féminité s’imposera d’elle- même ». Elle ajouter : « Elles sont le fer de lance d’une lutte contre l’injustice dans le monde et pas seulement pour la condition féminine ».

Des projets nombreux attendent cette femme hors du commun : la création d’un atelier/studio et le tournage bientôt d’un court-métrage. Pour toujours « se frotter au monde, dépasser ses limites ».

« L’art n’est peut-être qu’un moyen de lutter et supporter notre handicap à tous : la condition humaine et d’en faire une force »

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