Trang Pham : Porter l’excellence en étendard

LES GRANDES ÉCOLES, CELLES D’INGÉNIEURS OU BIEN ENCORE LES « CLASSES PRÉPAS » SEMBLENT INACCESSIBLES À DE NOMBREUX JEUNES. VÉRITABLE AUTO-CENSURE DE « CLASSE » OU DE TERRITOIRE CONTRE LAQUELLE LES ENTRETIENS DE L’EXCELLENCE ENTENDENT LUTTER. CHAQUE ANNÉE, EN NOVEMBRE, À BORDEAUX,  DES GRANDS TÉMOINS, DES PROFESSEURS ET DES JEUNES SONT INVITÉS À ÉCHANGER.
Objectif : donner envie aux lycéens et aux lycéennes d’oser l’excellence, d’oser intégrer les filières d’exception !

Les Entretiens de l’Excellence sont portés par une association nationale mais Bordeaux est une petite exception. En effet, l’événement aquitain est entièrement organisé par une équipe locale. Il enregistre une dynamique équivalente à celle des parisiens avec pour l’édition 2018, celle du 10 ème anniversaire, 1500 participants dans les amphis et ateliers de Sciences Po Bordeaux.

Trang Pham est un des piliers de l’équipe bordelaise. Ingénieure chez Thales Group, Chevalier de la Légion d’Honneur, elle a été déléguée régionale des Entretiens de l’Excellence pendant deux ans, elle est toujours administratrice de l’association.

« Pour ces lycéens de milieux populaires ou de petites villes rurales, les filières d’excellence ne sont pas facilement accessibles. Soit parce que l’entourage a développé un complexe d’infériorité – ce n’est pas pour toi ces choses-là, cela sera très cher, nous n’avons pas les moyens – soit par méconnaissance du chemin pour y accéder. Dans les Entretiens de l’Excellence, on s’adresse aux jeunes mais aussi aux professeurs et aux parents. En effet, les freins peuvent venir de l’ensemble de l’environnement proche de l’élève. »

L’ingénieure aéronautique est bien placée pour savoir que ce n’est pas facile pour certains de se faire une place dans ces formations et ces métiers. C’est une femme et elle est issue d’une minorité visible (comme on dit). Dans une formation supérieure d’électronique puis dans des équipes d’hommes dans les entreprises aéronautiques, c’est un peu la double peine.

Dans une intervention au TEDx Bordeaux 2016, Trang Pham raconte ce moment édifiant où « un de ses collègues lui explique qu’il n’arrive pas à écouter sa présentation à cause de sa voix, trop aigue ! ». Madame l’ingénieure précise aussi dans ce « talk » qu’elle a tout d’abord adopté les codes masculins pour s’intégrer allant jusqu’à s’intéresser au rugby, au foot et même à la formule 1. Avant de reprendre le pouvoir sur sa personnalité et poursuivre sa carrière « comme elle est ».

L’ingénieure regrette aussi que les filles tentent moins les classes trépas que les garçons

Cette expérience, ce parcours professionnel, est au cœur de son engagement auprès des lycéens. Elle se bat pour que chacun puisse oser l’excellence. L’auto-censure des filles et de leur entourage est un des sujets mais pas le seul. Trang Pham remarque que les lycéennes qui se lancent dans ces filières sont très déterminées. Et parfois, ce sont même leurs camarades masculins qui pensent que l’électronique ou l’informatique, les sciences de l’ingénieur en général, ce n’est pas fait pour elles ! L’ingénieure regrette aussi que les filles tentent moins les classes prépas que les garçons. « Elles préfèrent les filières avec prépas intégrées. Elles semblent craindre la pression des concours. Victimes de leur volonté d’être parfaites ».

Et pourtant, quand elles y vont, elles sont excellentes !

S'abonner au magazine en ligne